La guerre du goût_ Philippe Sollers
La guerre du goût_ Philippe Sollers
Ce travail, car c'en est un (et il ne suffit pas que l'auteur dirige une revue littéraire, soit conseiller dans une maison d'édition ou apparaisse, par intermittence, dans les médias pour en douter sérieusement), ne vise à aucune respectabilité institutionnelle. Il n'est pas un "recueil" de textes déjà publiés mais un véritable inédit puisqu'il a toujours été calculé pour avoir, trait par trait, sa signification comme ensemble. Il n'appartient à aucun parti ; ne prêche aucune issue collective ; n'incarne ni le Juste ni le Bien ; ignore la corruption : ne défend qu'une immense minorité menacée, celle des créateurs de tous les temps. Il est habitué depuis longtemps, de travail, à être traité comme secondaire ou superflu par les pouvoirs économiques et politiques, par le réflexe paternaliste ou la dérision populiste. Que l'auteur ait été tenu tour à tour, et parfois de façon réversible, pour précoce, classique, moderniste, maoïste, insignifiant, farceur, imposteur, schizophrène, paranoïaque, infantile, nul, libertin, papiste, voltairien, et j'en passe, n'a pas grand-chose à voir avec ce qu'il se propose de faire entendre. Le préjugé veut sans cesse trouver un homme derrière un auteur : dans mon cas, il faudra s'habituer au contraire.
Ph. S.